Justice de sang, réadaptation insipide d’un film tout aussi insipide L’histoire : John Decker n’est pas un avocat ordinaire, lorsqu’on lui demande [sons/sample-01.mp3], il répond [sons/sample-02.mp3]. Lorsque la femme qu’il convoite lui demande [sons/sample-03.mp3] là il répond [sons/sample-04.mp3]. Un homme impitoyable donc mais aussi [sons/sample-05.mp3] et pour cause [sons/sample-06.mp3]. Depuis cette tragédie, John est torturé par des réminiscences angoissantes et floues. Un soir comme tous les autres, John rentre du travail et assiste à une querelle de rue. Il intervient et corrige un dealer qui tentait de truander un de ses clients. Alors qu’il s’enlisait dans un traumatisme sans fond, dans un malaise existentiel ne laissant entrevoir aucun exutoire, l’auto-justice et le « cassage » de dealers deviennent salvateurs. Plus qu’une petite correction qui pourrait se limiter à quelques mandales, ou à quelques coups de pied au cul, John enchaîne et assassine les dealers à tour de bras dans un manichéisme sans concession. Lorsqu’un dealer qu’il accoste lui demande [sons/sample-07.mp3], il répond [sons/sample-08.mp3]. Rapidement ses actions sont relayées par les média et le justicier se fait appelé « le karatéka » [sons/sample-09.mp3]. Il souffrait jusqu’alors [sons/sample-10.mp3], amnésie partielle qui s’estompera avec les dealers qu’il enchaîne. Comme tout bon film de karaté qui se respecte, Justice de sang raconte également une histoire d’amour passionnante [sons/sample-11.mp3]. Grâce à son meilleur ami et psychologue McConnell, John rencontre Johanna, femme fatale et rebelle qui dirige une galerie d’art. Finalement, après une séduction lente et fastidieuse, John concrétise. S’ensuivent rapidement la routine [sons/sample-12.mp3] et les disputes [sons/sample-13.mp3]. A ce contexte conjugal tendu, s’ajoute des problèmes de conscience, enlisement caractéristique du deuxième acte [sons/sample-14.mp3]. Alors qu’il commence à douter de la légitimité de sa justice, ses actes nocturnes le mènent directement aux tueurs qu’il pourchasse. Essence même et raison d’être du genre, le troisième acte commence enfin, moment d’action pure et dure, où les dialogues passent à la trappe : place aux bastons ! John assouvit sa vengeance tant attendue, sauve sa nana détenue par les méchants, happy-end, le deuil est enfin fait, on ne l’y reprendra plus à jouer les justiciers… [sons/sample-15.mp3] et bien oui, il fallait s’y attendre, la morale reste équivoque. Une fine équipe et un casting de rêves : Réalisation, Richard W. Munchkin : Réalisateur, scénariste, acteur et producteur, Richard est fidèle à deux genres, l’action et le thriller-policier, deux genres surexploités par les grosses productions, qu’il tente de reprendre en série B voire Z. Le sérial killer ou le karatéka, sont omniprésents dans sa maigre filmographie aux titres évocateurs, tel Fist of Iron, ou encore Le cercle de feu 1 et 2, dont le rôle principal, est interprété par Don Wilson. Compositeur, Louis Febré :La somptueuse bande son, caricaturale, aux accents orientaux et au flutio synthétique, nous la devons à ce grand Monsieur de musique de films qui a signé, entre autre, les BO de Red Water (un requin dans le bayou avec Coolio !), Scoobidoo et les extra-terrestres, Devil’s Pond ou encore Swifman, là encore des films mondialement connus et réputés. Directeur photo, Richard Pépin : Producteur, monteur, directeur photo ou réalisateur, le bonhomme, tout comme l’autre Richard, sait tout faire, facile, vue les exigences qualitatives de la production vidéo. http://dvdtoile.com/Filmographie.php?id=6292 Dans le rôle de John Decker, Don Wilson dit « The dragon » : Considéré comme l’un des meilleurs sportifs de KickBoxing, ce triple champion du monde s’est retiré des compétitions en 1990. Sous l’influence de son homologue rouquin, le plus célèbre des Texas Ranger, il se lance malheureusement dans une carrière cinéma et comptabilise une trentaine de films à son actif. Comme la plupart de ses homologues, doués pour les arts martiaux, Don Wilson ne l’est pas pour la comédie : aucune notion du jeu, aucun charisme, tant au niveau physique qu’au niveau de la prestance, ce qui importe peu, il est vrai, pour les industriels de la « vidéo underground ». Repéré dans le magazine Black Belt, c’est avec le réalisateur-producteur Roger Corman qu’il débutera au cinéma et tournera ses neuf premiers films. Bloodfist 1,2,3 … jusqu’au 7, Le cercle de feu 1,2 et 3, Cybertracker, The last sentinel etc… autant de titres alléchants à ne manquer sous aucun prétexte. Roger Corman http://www.imdb.com/name/nm0000339/ Dans le rôle de Johanna Montague, Shari shattuck : Peut on véritablement parler de filmographie pour cette actrice qui a tourné essentiellement dans des séries télé ? A l’inverse de Don Wilson, l’actrice possède un charme physique indéniable. A l’instar du karatéka, elle est une piètre interprète, n’en témoigne sa biographie dénuée de toute production cinématographique. A noter un talent éventuel pour l’écriture, puisque l’actrice a publié trois best sellers, Lethal, Loaded et le dernier en date, The Man She Thought She Knew. http://www.sharishattuck.com/writer.htm Dans le rôle du Lieutenant Croft, Michael Delano : L’acteur a quant lui une « gueule », tout comme son antagoniste interprété par Robert Miano, c’est l’un des rares personnages du film à qui l’on peut accorder un peu de crédit. Là aussi sa biographie est essentiellement télévisuelle, il est apparu récemment au grand écran dans Ocean’s eleven et Ocean’s twelve. Aki Aleong dans le rôle d’Hiroshi San :C’est le genre de second rôle qui vous colle à la peau, celui du vieux sage asiatique, doublé avec un accent à couper au couteau. C’est le genre d’acteur au faciès familier, aux apparitions méconnues et oubliées, condamné à endosser les mêmes rôles tout au long de sa carrière de comédien. Vous avez pu l’apercevoir dans la mythique série V ou dans Dragon, une biographie de Bruce Lee, pour ne citer que quelques unes des ses nombreuses interprétations. On s’aperçoit sans surprise que ces grands noms du cinéma ont collaboré à plusieurs reprises, à l’affiche de nombreuses productions comme Texas Payback, Fists of Iron, Deadly Target, Guardian Angel … Fortement inspiré par le film Le justicier contre les dealers, troisième opus 100% républicain, et plaidoirie radicale sur l’auto-justice, Justice de sang est une nouvelle sous-production futile, réservée à la distribution vidéo alternative, « au rayon tout à 1 euro » des grandes surfaces, ou à la programmation pertinente de la chaîne RTL 9 qui a déjà diffusé quelques films de « the dragon ». Le film respecte les codes du genre, érotisme, proverbes asiatiques débiles [sons/sample-16.mp3], bastons [sons/sample-17.mp3], fusillades [sons/sample-18.mp3] et explosions [sons/sample-19.mp3] sont au rendez-vous. Justice de sang tente d’apporter une dimension psychologique au genre, dimension discréditée par une réalisation désastreuse. Pis et subversif, le travail psychologique du scénario est indigeste voire insoutenable, il est desservi par la lourdeur des dialogues et par une version française calamiteuse, seule version que le DVD propose en mono. [sons/sample-20.mp3]… tout est dit, Justice de sang peut provoquer des maux de crâne chez certains téléspectateurs, à éviter si vous ne raffoler pas de la sous-culture cinéphilique, à acquérir si vous êtes friand de mauvaises fictions, pour un bon moment de franches rigolades entre amis ou pour compléter idéalement votre vidéothèque. Titre orignal Out for blood (1993), fiche détaillée : http://www.imdb.com/title/tt0107762/