C’est le grand blitz publicitaire de Noël, l’allègre bombardement du cerveau limbique, la multiplication des échéanciers de l’impôt sur l’amour…
Bientôt Noël… ! Une voix off plus moelleuse que l’édredon d’Albert de Monaco m’informe que la meilleure façon de faire plaisir aux personnes que j’aime est de leur offrir le nouveau grand écran LCD de fabrication taiwanaise. Immédiatement après, des hanches pleines de promesses de moiteur haletante me signifient que me faire offrir le dernier rasoir à cinquante-cinq micro lames déclenchera des ruts bestiaux tout autour de moi. Une vraie garantie de coït sous vingt-quatre heures. Tout être humain de plus de quarante ans auquel je n’offrirai pas le dernier lave-vaisselle ultra-nettoyant à trois cylindres sera mis au ban de son quartier. Mon filleul va percer tous les pneus de ma caisse s’il ne trouve pas de console 2024 bits sous le sapin. Si j’étais une femme, ma vie n’aurait aucun sens sans les derniers cosmétiques naturels à 84% qui font sourire tout le monde dans le métro. En tant qu’homme, j’ai le choix entre me faire offrir le nouveau barbecue d’enfer importé d’Alabama ou ne bouffer que des pâtes chinoises dans mon cagibi en banlieue jusqu’à Noël prochain.
C’est le grand blitz publicitaire de Noël, l’allègre bombardement du cerveau limbique, la multiplication des échéanciers de l’impôt sur l’amour. Raquez, vous serez aimés ! Les enfants riront, les seniors danseront, les pinsons feront cui-cui et la banquise fondra de joie ! C’est marqué dans les évangiles (Alphonse, IV, 3).
Partout, Papa Noël et ses lutins vaquent à leur mercantilisme forcené. Des mélodies plus abrutissantes qu’une interview de footballeur accompagnent les gens jusqu’au fond des découverts bancaires les plus abyssaux. Des catcheurs barbus en accoutrement bouffant surgissent de derrière des conifères en plastoc pour traumatiser les enfants. E.T. l’extraterrestre, Louis de Funès et la troupe du Splendid insinuent leurs mimiques dans nos salons par-delà les galaxies, la mort et les dîners de soutien à l’UMP. La Compagnie Créole, Gilbert Montagné et tous les chantres des Tropiques réapparaissent sous l’effet d’une malédiction vaudoue apparentée au culte de Cthulhu.
La solution pour un décembre serein : rejoindre une secte (autre que la secte des adorateurs de Cthulhu, CQFD). Il y en a de très bien. C’est comme pour tout, il faut savoir comparer et ne pas hésiter à faire jouer la compétition. La Scientologie ? Déconseillée. Trop mathématique. Et puis leur symbolique laisse à désirer. Pensez, le dogme exige que le mari offre un peigne et une casserole à son épouse lors du mariage. Vous avez dit subtil ?
Pour les fêtes, on conseillera plutôt la fameuse Kabbale, la secte à Madonna. Pour commencer, on reçoit le manuel des combinaisons ésotériques du poignet au moment de l’inscription. Au bout de quelques cours, on peut même recevoir des articles de poterie et un moule à Golem. Surtout, ces gens-là n’en ont rien à cirer des fêtes de fin d’année.
Seul bémol, l’adhésion est réservée à des faiseurs de mélasse radiophonique ayant atteint un degré de spiritualité supérieur à un million de disques écoulés.
Les raëliens, alors ? Le côté « mon prophète chez les nudistes » force la sympathie d’entrée. Chez les messagers des vénusiens, la génétique est aussi affaire de pelotage : « Viens sous ma tente, ma poule, je vais te montrer sa grosse hélice ADN. Les vénusiens m’ont révélé le secret du mont de Vénus ». Nostalgique des colos ? Obsédé par Woodstock ? Essayez les raëliens ! Trêve de slogans, le camping en hiver, ça le fait moyen quand même.
Mouais… Tout bien considéré, cette année encore, on s’enfermera dans sa piaule avec une cargaison de bouquins et on attendra que ça se passe.
Patrick Pandore
Amicale Lycanthropique de Cornouailles
Cher Père Pandore, offrez-moi un bel écran plasma, et à tous Etats une belle centrale nucléaire option « civile french touch », quelques drones assermentés et une caméra de vidéosurveillance GRATUITE dans chaque sapin. N’oubliez pas la peinture pour nos gardiens de la paix des frontières maritimes, quelques indélicats leur ont grillé la priorité.
Cher Patrick Pandore, vos propos sonnent juste comme le carillon des rennes du Père Noël, mais vous oubliez de mentionner le seul élément alléchant lié à l’esprit de Noël : le foie gras !!!