Papillote et Politique

Lybien et le mal

Ben mon colonel, on n’avait pas ri comme ça depuis l’explosion du DC10 d’UTA au-dessus du désert de Ténéré en 1989. Sauf peut-être en septembre 2004, quand votre pays a reconnu avoir déporté cinq mille candidats à l’émigration clandestine en plein Sahara. Comment ? Soit, nous n’en parlerons plus. Encore un tour de Bateau-Mouche ?

Que diriez-vous de dix minutes d’auto-tamponneuse à la Foire du Trône ? Si vous voulez, on vous réserve la piste à vous et Kouchner. Une partie de chamboule-tout ? Tenez, je vous paie la Barbapapa ! Une compète de pétanque à la Défense ? Une belote dans la salle de la Joconde ? Un tournoi de baby-foot au Fouquet’s ? Une pipe à Pigalle ? Vous reprendrez bien un Rafale avec votre mousseux ? Voyages Elysée : « vos caprices sont nos ordres » ! On ne voudrait pas vous dépayser !

L’opinion internationale, on s’en tamponne le derche ! On est redevenus cul et chemise avec les amerloques, c’est tout ce qui compte. Soit dit en passant, c’était pas compliqué. Ca les fâchait qu’on parle d’exception culturelle et qu’on cite les Lumières à tout bout de champ. Ils n’y comprenaient rien. Voyez-vous, les sénateurs américains ont des références simples.

« – What the hell is that French diplomat talking about, John ? « – I don’t have a clue, David. Grammar rules and light bulbs, as far as I understand.  «- Those froggies don’t make any sense. »

C’est comme ça, on s’est pris la tête pendant des années pour que les « frites de la Liberté » redeviennent des « French Fries ». La désignation de la frite à l’étranger est devenue rien moins qu’une affaire d’état. Et merde pour les Belges. On s’est démené également pour que les méchants dans les films d’action Hollywoodiens ne soient plus des français avec une barbe de trois jours. C’était plus amusant quand les acteurs américains prenaient l’accent russe. Que le méchant soit  incarné sempiternellement par Vincent Cassel, on s’en fout du moment que ça soit un russe dans le film. Enfin bref… Il ne suffisait que de dire « Elvis » et « Marilyn » pour arranger tout ça (« Jésus », ça aurait marché aussi). Imaginez Dobeliou faisant l’éloge de Brigitte Bardot et Dick Rivers à l’assemblée nationale. Ca ferait sensation, indéniablement.

Mais revenons à nos Rafales et notre centrale nucléaire.

Concernant l’opinion publique française, comme à l’accoutumée, on la sermonnera sur le thème de l’intérêt supérieur de la patrie, de la famille et du travail. On a une place à sauvegarder sur le podium des marchands d’artillerie internationaux, non mais ! C’est bénéfique à l’économie ! Regardez aux Etats-Unis le nombre d’emplois générés par l’industrie de l’armement militaire et dites-moi si ça ne vous fait pas envie. Si on faisait plus de canons, on aurait moins de chômeurs !

Quant à la centrale, attention mon colonel ! S’il vous prend l’envie de jouer à GI Joe avec, on vous l’éteint aussi sec. Comme ça, à distance ! Et hop ! Aussi simple que de changer de chaîne sur la boîte à Sarko ! On ne va pas quand même pas vous laisser bidouiller les atomes à votre convenance, ça serait mal vu. Vous dites ? Je vous l’accorde, Cécilia s’y est prise comme un pied pour nous négocier ça, mais fallait faire sensation d’emblée sur la scène internationale, et entre vous et moi, quoi de plus fantasmant qu’une infirmière Bulgare ? Peu importe le prix ! Bon Dieu, si on avait mis Cécilia sur le cas Betancourt, les FARC auraient obtenu de quoi nous refaire le coup de Cuba en 62 ! Bon débarras, maintenant que j’y pense.

Bon, assez parlé mon colonel ! On est quand même pas des pédés d’intellos ! On se la fait, cette dernière partie de Risk ? Et après, vous partez, hein ? Quoi ? Vous préférez une partie de Mono-Tripoli… ?

 Une transcription télépathique de Joe L’Trembleur  

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