La télémission ou l'opium des cons

Un jour en (Stade 2) France

Ah! Ces dimanche de novembre. Grisaille, humidité, temps et humeur maussades. Heureusement, il y a ces plaisirs simples, toujours renouvelés. Philippe Delerm a sa première gorgée de bière, l’ex-sportif devenu sportif du dimanche (sauf en novembre) a sa grand messe dominicale du sport en canapé : Stade 2. Depuis plus de trente ans, le même rituel, le jour du seigneur, Gérard Holtz et ses congénères occupent la fin d’après-midi, à l’heure où survient la petite dépression de fin de week-end. Du réconfort à l’état pur, du sport, du vrai. Vous savez, l’école de la vie, l’apprentissage du travail et de l’abnégation, le goût de l’effort et le travail en équipe.

Mieux que ça, Stade 2 est le moment où l’homme se sent le plus mâle, avachi dans le sofa, une bière pas trop loin, la main négligemment glissée dans le ben… le bonheur.

N’ayant plus goûté ce plaisir depuis quelques mois, sans poste de télévision à domicile, l’idée d’un bon Stade 2 s’est offerte à l’amateur averti que je suis (que j’étais). Une rapide recherche sur Google et il était là, en streaming, dans une qualité somme toute assez correcte.
En une heure d’émission balayant de long en large le sport hexagonal : rugby, basket, formule 1 (en nocturne s’il vous plaît), tennis, etc. l’occasion me fut donnée de voir et d’entendre certaines paroles qui me rappelèrent étrangement un souvenir estival.

Le zapping de la semaine s’attardait de longues secondes sur les formes des majorettes d’un match de basket, beaucoup moins que sur le match en lui-même. Vision somme toute forte agréable, mais en lointain rapport avec le jeu qui se pratique en équipe de cinq et consiste à mettre la balle au panier.

Quart d’heure football, un Louis Nicollin très remonté s’en prend à un joueur de l’équipe adverse pour finir par le traiter de “petite tarlouze”. Rires gras dans l’assemblée, ce bon vieux loulou Nicollin garde toujours sa gouaille et son franc parler du sud, un plaisir.

Grippe A, un reportage sur le risque de pandémie dans le sport professionnel : sur fond de musique anxiogène, on nous explique la gravité de l’affaire, peut-être devra t-on annuler d’autres matchs, peut-être le public devra porter des masques, pire, les joueurs eux-mêmes. A nouveau, musique anxiogène et mise en scène de footballeurs portant un masque…

Football toujours, et l’affaire de la semaine, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2010, qui doit mettre fin à plusieurs avantages fiscaux des sportifs, dont le Droit à l’Image Collectif (DIC), dispositif permettant l’exonération jusqu’à 30% de la rémunération brute des professionnels du football, rugby, basket, hand et volley. Réactions indignées de M. Thiriez, Président de la Ligue de Football professionnel, de Xavier Bertrand, au nom de l’UMP et de la compétitivité du football français. Enfin, Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais intervient, et termine sa diatribe par un laconique : “on a cru s’attaquer à une niche fiscale, on s’est en fait attaqué à une prime pour l’emploi”. Il s’agissait donc de cela, une injustice sociale de plus.

Protection des élites, homophobie, humour gras, beaufitude et mises en scène alarmistes… Bon sang mais c’est bien sûr ! C’était bien cela, Stade 2 me donnait l’impression d’avoir atterri dans un bistro type PMU que l’on aurait installé au cœur des universités d’été de l’UMP. Non, j’étais seulement là, dans mon canapé, un dimanche, assis à regarder la télévision publique nationale. Puis de me rappeler de ce groupe Facebook dont le titre m’avait fait marrer : “je me sens plus proche d’un vieux du PMU que d’un jeune de l’UMP”, même non sportif.

El Reg 

 

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