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Le Massacre était presque parfait.

Le 25 avril dernier, l'Olympic de Nantes recevait le Brian Jonestown Massacre canal historique. Parmi les huit musiciens présents sur scène ce soir-là, plusieurs revenants des chahuts d'antan: Joel Gion, Rob Campanella et  Matt Hollywood. Au programme, le répertoire des années « Dig! ». Sans les prises de tête.

Quoi que puisse en redire Anton Newcombe, le documentaire d'Ondi Timoner a changé le destin de son groupe. On entrait au cinéma pour y voir les Dandy Warhols; on en ressortait en se demandant comment diable il se faisait qu'on n'avait jamais entendu parler de ces Brian Jonestown Massacre et de leur gourou foutraque. Le film donnait la réponse, mais tout de même! Des comètes comme « Anemone » ou « Nevertheless » n'auraient-elles pas dû trouver malgré tout, d'elles-mêmes enfin, leur chemin vers la reconnaissance?

Depuis le film, la presse rock, qui était auparavant passée complètement à côté de l'énergumène, suit désormais le sociopathe à la trace, afin de relayer auprès de son lectorat ses propos inqualifiables (« Mais qu'a donc fait Eric Clapton à part jeter son gosse du balcon? »). Rançon de cette nouvelle gloire non désirée? Les critiques décrètent unanimement que « My Bloody Underground », 2006, est manqué… L'opus, soit, a ses longueurs et ses bof bofs- comme toutes les autres rondelles du groupe, par ailleurs-, mais par le volcan Ejacüle-truc!! Il contient quelques titres de shoegazing purpurins qui n'auraient pas dépareillé sur un « Loveless »… (« Pollen-Frost »? « Who Cares Why »? « Monkey Powder »?) Quelques mois plus tard, les gazettes claironnent la renaissance du genre dans la foulée des albums de The Horrors, A Place To Bury Strangers et consorts… On ne lui donnerait pas nos caleçons à repasser, mais Newcombe ne manque pas d'intuition certes…

Le soir dit, c'est avec une réserve d'appréhension qui ne tiendrait pas dans les fûts du sous-sol de l'Olympic que l'on attend l'entrée en scène du groupe et de son héraut malade. On a encore le souvenir d'un certain concert aux Transmusicales au cours duquel le zouave exemplifia volontiers les différentes pathopsychologies chez l'être humain… A cela vient s'ajouter une légère circonspection vis-à-vis du dernier-né « Who Killed Sgt Pepper » qu'on n'a pas encore eu l'occasion d'écouter et qu'on s'attend à découvrir en live.

Tout faux! Pas diserts, les BJM enchaînent sans le moindre temps mort les classiques d'hier: « When Jokers Attack », « Servo », « That Girl Suicide » et autres compositions charriant Byrds, Velvet, 13th Floor Elevators et Jesus & Mary Chain. Ce qui n'est pas pour nous déplaire, foutre! Abondance de biens ne nuit pas et les quatre guitares gorgées d'effets confèrent une amplitude de supernova à des chansons jouées avec une application quasi-dogmatique. Newcombe, de profil sur le côté gauche de la scène, a presque l'air absent, quand bien même il chante fort joliment de sa voix caractéristique de torpeur écorchée. Est-ce qu'il s'en fout, ou au contraire est-il complètement dedans? Difficile à dire. Les membres du groupe ne communiquent ni entre eux, ni avec le public entre les couplets. Pas le temps de redescendre. On reste encore pantelant de la chanson qui vient de s'achever que derechef les accords de la suivante nous plaquent contre le plafond. Joel Gion doit se faire chier à taper sur son tambourin comme ça sur le devant. Passé la première moitié du concert, ça commence à se voir. Peu importe. Le public est enthousiaste et bon enfant, à l'exception de trois ou quatre bourrins dans le fond dont on espère qu'ils ne vont pas nous fâcher l'homme dans le coin gauche. La révélation de ce concert, c'est Matt Hollywood. Sapé classe, longiligne et le teint frais, le binoclard y met du coeur et de la tripe. Il passerait aisément pour le chef de bande. Hollywood entonne tous les choeurs, riffe impeccablement et chante avec entrain les chansons de son cru. Dont « Not If You Were The Last Dandy On Earth » qui crée l'euphorie, chacun dans la salle y allant de son « ouh ouh ouh » communicatif. Au bout d'une heure et quarante minutes, les musiciens se barrent, nous laissant ébouriffés par cette tornade psychédélique qui a déferlé sur Nantes. Pas de rappel. Wam bam, thank you ma'am. On maugrée un peu. On en aurait bien repris.  

Lulu la Nantaise

2 Commentaires pour “Le Massacre était presque parfait.”

  1. Joe Trembleur dit :

    Vos gueules les plutoniens…

  2. fireincairo dit :

    en tout cas merci à eux d’avoir permis à tant de groupes avec un nom interminable de se faire connaître!! « take my money! take my sister! I don’t miiind! »

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