On y est, le grand écart est fait. De son passé sulfureux et alternatif qui inquiétait les bonnes gens, que reste t-il désormais de subversif dans l’esprit du rock ? Pas grand-chose, ma bonne dame, on dirait que l’aspect licencieux n’est plus. Désormais, le bon ton est de sympathiser avec le Diable. .
Ma mère fait la cuisine en écoutant Led Zeppelin II… Ah ben fichtre, on m’avait dit que le Brown Bomber était bourré de messages sataniques et, à priori, ce serait plutôt de recettes de clafoutis. A moins que l’aspect subliminal ne se dévoile qu’à la nuit tombée, à grands renforts de sang de poulet et de viscères de boucs. La part de sulfureux qui auréolait le Zeppelin a disparu, enseveli à tout jamais, si ce ne sont quelques fans transis, argumentant comme il se doit sur les rapports ambigus entre Page et le Vilain. Balayé aussi l’aspect « mauvais garçons trop défoncés » du Velvet Underground. Maintenant, « i’m waiting for my man » se joue à la flûte dans les classes de collège. Le psychédélisme de l’affaire ne se résumant plus qu’à la chemise à motif vaguement fleuri du prof de musique. Le Velvet sert de bande son à des campagnes publicitaires de compagnies aériennes… ou pour vendre des voitures, comme les cow boys junkies.
Mais est ce bien un mal, me demandez vous, d’une voix lourde de reproches. Pourquoi la « musique rock » devrait elle être réservée à une classe « aristrockatique » ? Non… oui… bien sûr, mais la musique rock a besoin de légendes, d’artifices et d’un environnement propice à son éclosion, à son écoute, à sa transmission. Ce n’est pas un truc anodin, c’est un style de vie, il y a des gens qui sont morts en avion ou par overdose pour gravir les quelques marches menant à son panthéon.
Panthéon bâti sur la misère, l’irrévérencieux, l’excommunication, le sacrilège et le stupre. Elvis est mort à l’armée, Dylan aurait du se dissoudre après avoir rencontré le pape, c’est comme ça, certaines réputations ne se maintiennent que dans le souffre. Une invasion de martiens a toujours été plus probable que de voir les Ramones faire un biathlon. Certaines associations, certaines rencontres sont contre nature, il faut donc tout faire pour les éviter, à moins d’y perdre totalement son Mojo. Exemple : les Beach Boys ouvrent le bal du congrès républicain, perte considérable du Mojo. Robert Johnson pactise avec le démon au carrefour de Clarksdale, Mojo ultime super cool ! Moi en train d'écrire ce papelard, supra Mojo extra double fudge et tout et tout… Si si! Pourvu que ça dure…
A suivre.