Les débuts d'année, c'est bien pour prendre des résolutions que l'on ne tiendra pas parce qu'une année, c'est long et que les gens ne se souviendront pas des résolutions qu'on a envisagées. Parce que bon, tout le monde le sait, quand on prend des résolutions, c'est uniquement pour faire le malin devant la famille ou les amis la première semaine de Janvier.
Le mieux serait de dire "cette année, je ne prends pas de résolutions", mais on est déjà dans la résolution là aussi. Equation métaphysique résolue par tata Yvonne qui ne parle plus depuis 1944, même si ses cheveux ont repoussé depuis. Autre méthode, se lancer dans un zapping impromptu, comme "vu à la télé"… ça marche et les gens aiment ça parce que c'est un légume de saison. C'est souvent l'arrière grand mère qui s'y colle. Une forme de mémoire collective à mi chemin entre Michel Galabru et les pages obsèques de Ouest Tranche. On est donc parti pour le zapping des morts de l'année. Moment encyclopédique s'il en est où les plus jeunes découvriront, ébahis, qu'il y avait une vie sur terre au 20e siècle. L'ancêtre a une mémoire de Nintendo DS, surtout après le 3e verre de Fernet-Branca. Elle se rappelle de tout ce qui concerne l'état civil des disparus, alors qu'elle joue à l'oubli impudent des prénoms de ses propres enfants (et ceci afin d'asseoir une fin de règne fait de vexations). Sa sentence mortuaire finit invariablement par les mots: "eh oui, on est peu de chose quand même… la roue tourne". Le lancement parfait pour un jeu télé morbide. Il n'y a pas à tortiller, depuis l'invention de la sécurité sociale, les vieux sont de plus en plus vieux et de plus en plus cons.
Le hit numéro 1 des résolutions, c'est bien sûr le "j'arrête de fumer", sans mentionner évidement fumer quoi, où ça, avec qui, à partir de quand et jusqu'à quand. Résolution de toute façon extrêmement égoïste et anti collective puisque: si on on arrête de fumer, on peut bien fermer la sécurité sociale. Si on arrête de fumer, on peut fermer tous les espaces non fumeurs puisqu'ils ne serviront plus à rien. On sera obligé de balancer tous les cendriers et dans 200 ans, personne ne saura ce qu'était un cendrier. On fermera tous les tabacs-presse et la connerie poujadiste ne sera plus le fleuron national. On mettra plein d'artistes sur la paille, comme le cow boy Marlboro, le chameau Kamel, serge Gainsbourg ou Fidel Castro. On sera encore obligé d'inventer de nouvelles maladies coûteuses en laboratoires de recherche… Putain, au prix où est le gaz! On sera tous obligés de fumer de la marijuana pure et donc d'écouter du reggae. Bref, un gâchis total!
Cette année, d'après un sondage sofres, les français ont des résolutions financières. Où l'on apprend que 18 % des sondés veulent réduire leurs dettes et 28% leurs dépenses… en espérant que ce ne soient pas les mêmes qui ont répondu sur les deux items; On apprend aussi que 5% des français aimeraient changer de banque… je crois que ces 5% là appartiennent à la tranche de la France triste qui n'a pas compris le système bancaire et non plus le principe de la résolution, c'est à dire un truc qui n'arrivera jamais. Le sondage finit par de l'humour involontaire (il faut le préciser sinon les gens vont croire que les statisticiens sont des gens rigolos): 91% des roumains et 70% des espagnols veulent réduire leurs dettes et surveiller leur portefeuille. Le sondage n'a pas été effectué en Grèce… ni en Suisse.