Il ne faut pas s’arrêter à la pochette kitschissime du deuxième album de Sam Roberts, représentation urbaine moins abstraite mais tout aussi laide que celle, criarde, figurant sur l’album de Broken Social Scene…
Imaginer un Mont St Michel futuriste tatoué sur l’épaule d’un biker féru de mysticisme allumé. On passera aussi sur les thèmes ridicules évoqués dans l’album. Dans l’ensemble, les textes ne sont pas plus cons que les histoires d’extraterrestres androgynes de David Bowie ou celles de Marc Bolan au sujet des gentils elfes de la forêt au début des années soixante-dix.Parlant des années soixante-dix, Sam Roberts se prend pour la décennie à lui tout seul.
Découvert en 2003 avec l’album « We Were Born In A Flame », le Montréalais a décidé de s’entourer de chevelus agréés pour son deuxième album, histoire de se donner les moyens d’une perspective plus rock. « Chemical City » sonne comme un pur album de 1971, du temps où le hard et le psychédélisme flirtaient au pays des dragöns, des mötös ailées et autres sörnettes. Avec leurs airs de recalés des auditions pour le rôle de Jésus et de ses apôtres, Sam Roberts et ses collègues perpétuent avec brio la formule gagnante d’il y a plus de trente ans : entrelacs d’orgue planants, basse à la coule, explosions électriques et refrains catchy gueulés avec une vraie conviction apostolique. La formule est tout simplement jouissive sur les meilleurs titres, qui condensent aussi bien Syd Barrett et David Bowie que Led Zeppelin, Pi nk Floyd et pourquoi pas Gene Clark. La texture onirique du son témoigne d’une production minutieuse, sans qu’en souffrent aucunement la pèche et la sincérité qui font tout le charme de cette « ville chimique ».
Joe l'trembleur