C’est dingue comment le monde d’aujourd’hui ressemble de plus en plus à un jeu de société. Vous avez tous déjà entendu d’illustres individus taciturnes et télévisés prononcer le terme « sur l’échiquier mondial »…
Quand j’étais gosse, je pensais que c’était une vulgaire expression que l’on clamait crânement pour m’en foutre plein la tronche (la réceptivité au jeu d’échec et à ses stratégies somme toute orientales, c’est-à-dire calculatrices, ne m’est apparue que tardivement et au hasard de décès familiaux lorsque tata Yvonne, La Kasparov des héritages, s’assurait « une prise en passant », transformant pour le coup une pile d’assiettes ébréchées en armoire marine du 18e). Bref, mon enfance heureuse et campagnarde ne me laissait nullement penser que l’on puisse jouer pareillement avec les quidams que nous sommes et que le gros rougeaud, souvent économiste, qui venait de sortir le fameux « sur l’échiquier mondial » m’en voulait personnellement ! Souvent prompt à lui proposer alors un « pouilleux massacreur » ou un enjoué « la bite à toto », le lettré analyste ne devait généralement son salut qu’à l’heure de mon coucher.
Plus tard, je compris enfin ce que le grand ordonnateur de chiffres rubicond voulait dire : les stratégies du jeu d’échec sont toutes transposables dans nos vies de pions…
Le jeu des Sociétés.
Après avoir goûté au succès du Monopoly, l’occident déchante, entraînant le monde dans une crise financière sans précédent. Les traders de la Société Générale, bien qu’entraînés sur des Monopoly version Deluxe, n’ont pas vu le vent tourner… seul avantage, c’est eux qui font les règles : «Pause ! Nouvelle règle ! Je supprime la prison et je monte la prime de la case départ à 2 millions… et après je joue plus ! »
Passons au Risk… Après le Risk « édition Napoléon », le Risk « 2210 », le Risk « minimum » édition spéciale syndicale pour les ouvriers de Vaulx en Velun, il y a eu le temps du Risk « fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Découvre ainsi ton jeu favori enrichi de nouvelles cartes asiatiques et de nouvelles armes surpuissantes. Le concept est encore plus simplifié qu’avant : diviser le pays en deux, un côté nord et un côté sud… tu modifies un peu l’équilibre du pays mais c’est pas grave, l’asiatique n’est pas matérialiste. Tu nommes le pays « Corée » parce que personne ne sait où ça se trouve. A l’aide de dès pipés, on envoie quelques armées guerroyer avec les autochtones et tu règles tes comptes avec tes voisins sans salir chez toi… c’est bien plus propre ! Quand c’est bien la merde et que ça commence à sentir très fort, tu rembarques tes troupes et tu les positionnes pas trop loin au cas où. Fais des essais de tes nouvelles armes surpuissantes où tu veux… Attention, tu n’as le droit qu’à 2053 essais. Pendant ce temps là, tu peux profiter de la nouvelle fonction ONU de ton jeu préféré. Une fois en possession de la carte ONU, tu peux activer la fonction « donneur de leçon ». Cette carte ONU te lave de tout soupçon et tu pourras dire : « Moi, oh non, jamais ! » Le but du jeu est de ne jamais laisser cette carte à la partie asiatique et, au bout de quelques temps, elle se transformera en carte de « conseil de sécurité ». Comme ça, quand les gens de la Corée asiatique voudront faire comme toi (parce que ça on le sait bien, les asiatiques, c’est rien que des copieurs !), et bien tu pourras leur dire que les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde, que c’est toi le maître des cartes et que s’ils sont pas contents, ils peuvent toujours aller se faire cuire des Nems !
Sombres similitudes… Après l’échec du Monopoly mondial, il en va de même pour cette version élaborée du Risk ! Vous retrouverez désormais vos « jeux de la société » préférés en version crise : le Monopoly devient « Rien à Gratter » et le Risk « fais ce que je dis… » se nomme dorénavant « Revers de la Médaille » ou pour la version Coréenne « dans ton cul les Nems! »
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