Il convient à l'auditeur raffiné de marquer une distinction bien nette entre Gandalf et Gandalf. Les premiers viennent de New York et ont enregistré un magnifique album de pop psychédélique… les seconds, originaires d'Helsinski, se sont commis dans du death metal nordique sportif. Comme vendredi est un jour sans viande, c'est le Gandalf nord américain qui trouve grâce à mes oreilles.
En dehors d'un nom de merde et d'une pochette complètement pourrie, ces Gandalf sont des petits génies. Sachant allier fuzz, réverbération de trois bornes, écho façon Lascaux et orgue Hammond acide, les new yorkais collent une grosse beigne avec une pop psychédélique légèrement saupoudrée de progressif… attention, on n'est pas dans du prog à la Yes ou à la Genesis… on est en 1967 et les montées en puissance sont complètement romantiques, empruntant plus à des groupes comme Left banke (never too far), voire même à un Buffalo Springfield orientalisant (can you travel in the dark alone avec son intro au sitar).
Le titre Scarlet Ribbons, (chanson "classique" déjà reprise par Harry Belafonte en 1959) finement ciselé par un clavecin précieux, donne dimension à la poésie psychédélique de Gandalf, impose un son délicat avec des harmonies proches des Zombies.
Sur cet excellent album, on retrouve beaucoup de reprises, de Bing Crosby en passant par Tim hardin, et seulement deux morceaux de Peter Sando, leader du groupe. Alors qu'ils se nommaient encore the Rahgoos et qu'ils écumaient les clubs de Greenwich Village, une rencontre avec les gars de Lovin Spoonful amènent nos futurs Gandalf à pactiser avec le diable, qui prend la forme d'un cadre de chez Capitol… Les empressant à changer de nom rapidement pour être plus "crédibles" et à enregistrer derechef, la bande à Sando ne sait pas encore qu'ils sont en train de signer la mort programmée du groupe.Fait dans l'urgence, l'enregistrement ne comporte que deux compos originales de Peter Sando (dont l'excellent can you travel in the dark alone).
Enregistré en 1967, l'album ne sortira qu'en 1969 pour des histoires scabreuses de passage de sub divisions de label… album qui sort alors que le groupe est déjà splitté! Rentabilité et connerie font généralement bon ménage dans l'industrie musicale, et Capitol n'a peut être pas le bon discours pour traiter ce genre de sons. Bref, quand le Gandalf sort dans les bacs, personne ne sait vraiment de quoi il retourne et surtout, le groupe n'est pas là pour en assurer la promotion. S'en suit un four énorme et certainement un pilonnage intempestif des invendus. Aujourd'hui, l'album original est une rareté et la légende du groupe n'a survécu que grâce à des re-sorties audacieuses en vinyle et pas trop autorisées faites par des passionnés et encensées par des gens de goût. Le label Sundazed a réédité un cd pour les gens qui ressentiraient un manque… Moi, je me fais un fix hebdomadaire avec le vinyle d'époque… N'en vous déplaise!
j’ajoute une autre distinction avec un 3ème Gandalf (peintre de paysages musicaux), artiste autrichien qui s’est pris les pieds dans ses claviers New age.