Discographie

A Group Called Smith

En 1969, John Fogerty change de sexe et Creedence Clearwater Revival devient Smith. Leur premier 33T, « A Group Called Smith », fait un tabac en Nixonie. On les retrouve interprétant « The Weight » sur la BO d'Easy Rider, l'original (indépassable) n'ayant été retenu pour figurer sur le LP faute de droits. Plus près de nous, Tarantino s'empare de leur reprise de « Baby It's You » pour son « Boulevard de La Mort ».

Selon d'autres sources, le groupe est composé de Jerry Carter (basse), James Cliburn (guitare), Larry Moss (orgue), Bob Evans (batterie) et de Gayle McCormick (chant). Il est repéré dans les clubs de Los Angeles par Del Shannon. Pour reprendre le cliché consacré, ça envoie du bois. Timber! On jurerait que l'expression a été créée pour Smith. Se tenir à distance respectable des baffles pour esquiver les copeaux. A dernière écoute, j'ai du en retirer une douzaine qui étaient allés se ficher en sifflant dans les murs de mon appartement… Affûtés comme des cure-dents pour grizzly, qu'ils étaient.

Ici, pas d'arpèges savants, pas de circonvolutions démonstratives, pas de contrepieds esbroufants : on est dans l'immédiateté. Les aiguilles sont ballotées dans le rouge dès les premières mesures. Peu importe que le groupe n'ait composé aucune chanson originale: la formidable puissance de leur interprétation emporte les chansons ailleurs, telle une crue irrésistible. Et le corps tout entier de l'auditeur est charrié avec. Burt Bacharach (« Baby It's You ») se retrouve juché sur une branche dans le bayou (« oh non, mon beau pull! »). « I Just Wanna Make Love To You » (cette fuzz! Cet orgue! Cet organe!) et « Let's Spend The Night Together » font céder toutes les digues de la convenance stoïque. « Tell Him No » arrache tout sur son passage. L'ouragan Gayle McCormick force l'ébahissement. Virilité menacée, le chanteur bis s'explose la pomme d'Adam sur « The Last Time » et « Mojaleskey Ridge ». C'est un tremblement de terre! Le choréographe Cherokee Tripote-Le-Puma n'a t-il pas reconnu avoir eu recours à « Mojaleskey Ridge » pour inventer de nouveaux pas à la danse ancestrale du champignon-qui-fait-Piff-Bang-Pow? Enfin, il faut être sourd ou français pour passer outre la chanson qui conclut l'affaire, « I'll Hold Out My Hand », qui porte la promesse d'un soleil radieux après l'orage.

Tristement, changement de personnel oblige? « Minus-Plus » (1970) ne déchaîne pas la même météorologie. « You Don't Love Me » s'annonce prometteur mais peine à trouver son envol. Les nouveaux guitariste et bassiste, Alan Parker et Jud Huss, montrent des vélléités d'écriture qui aboutissent à des résultats inégaux. Titre le plus faible de Smith, un « Feel The Magic » plan-plan donne à penser à contrario que la magie a disparu. Le groupe se reprend immédiatement derrière avec un beau « Jason » mâtiné de gospel. Changement de face. Le vent se lève sur « What Am I Gonna Do » et « Take A Look Around You ». « Since You'Ve Been Gone » montre un visage introspectif qui ne manque pas d'un certain charme discret, très différent de la beauté convulsive d'un « Baby, It's You ». Ce n'est pas la tempête de 1969, mais l'album trouve un second souffle jusqu'à « Circle Man ».

Le groupe se sépare peu de temps après la sortie de l'album, malgré les belles ventes du 45 T « What Am I Gonna Do ». Gayle McCormick sort trois albums solo (« Gayle McCormick », « Flesh And Blood », « One More Hour ») avant de disparaître de la circulation en 1976. Un type sur internet prétend qu'elle travaillerait aujourd'hui comme vendeuse chez Sears (le Castorama américain!) dans un mall de la banlieue de St Louis.

Selon d'autres sources, John Fogerty a au bout du compte décidé de se relaisser pousser les couilles en 1970 pour sortir dans la foulée deux albums capitaux avec Creedence Clearwater: « Cosmo's Factory » et « Pendulum ». Tu crois ce que tu veux, mon pote.

 

Jo L'Trembleur

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