Scénariste de l'excellent remake "dawn of the dead", James Gunn a aussi participé à l'écriture de deux Scooby-Doo avant de réaliser "Super", histoire extraordinaire d'un super héros ordinaire.
Gunn a tout du rat de club vidéo… Passionné de films d'horreur ou de Comics, le touche à tout (James Gunn est acteur, scénariste, producteur, réalisateur, directeur photo) avait déjà séduit les fans de films de genre avec son "horribilis" en 2006. Complètement inspiré par les productions Troma, Horribilis restaure parfaitement l'esprit gore et drôle des productions saignantes des années 80, mettant en scène le classique shérif d'une petite bourgade américaine soudainement confronté à une déferlante de violence et d'horreur. Film pop corn? Certainement, mais réalisé avec talent et avec des acteurs au poil (excellent Michäel Rooker).
Dans Super, Gunn donne dans le super héros style Kick Ass ou Defendor, mais avec un brin d'humanité supplémentaire et surtout d'une montée en puissance, d'un déchaînement de la violence très soudain… Franck D'Arbo (Rainn Wilson) se fait piquer sa femme (Liv "gloops" Tyler) par un malfrat dealer (Kevin Bacon). Désireux de récupérer sa moitié, le pauvre looser se transforme en Lightning Bolt, synthèse de vigilante et de super héros de seconde zone. Vêtu d'un costume moulant potentiellement disgracieux, Lightning Bolt s'arme d'une clé à molette afin de pourfendre le crime. Rencontrant sur sa route une vendeuse spécialiste de Comics (Ellen Page), sa croisade de héros solitaire se mue alors en descente aux enfers. Flanqué désormais de Boltie, super héroïne aux poses pornographiques, Lightning Bolt massacre à la clé à molette, distribue des pains et défouraille à tout va, sans complexe!
On n'est pas là pour parler d'une éventuelle parabole illustrant une morale ou un constat social… Super est juste un film de super héros ordinaire qui se permet de faire des trucs dont tout le monde a envie. Quand Lightning Bolt assène des coups de clé à molette dans le front d'un resquilleur de queue au cinéma, on reste sidéré par la violence soudaine mais on se sent vengé et partisan du geste… Oui, Lightning Bolt est un vengeur masqué. Oui, il se venge de ses frustrations (et les vôtres à la fois) mais ce n'est pas un boy scout à la Peter Parker… Les gens en ont peur, ont peur de ses actions, le considérant comme le dernier des criminels que Lightning Bolt aime à traquer. Il reste un marginal et un looser, un Freak peu recommandable. Son adjointe, Boltie est une paumée, violente, limite psychopathe, fétichiste et sadique. Le mec le plus "recommandable" de l'histoire reste peut être le personnage de Kevin Bacon, malfrat et dealer mais tellement cartésien, ou du moins plus proche de nous.
Curieusement, ce film de 2010 n'est pas sorti en France et je n'ai pas entendu parler d'une ombre de programmation dans les salles… Pour le voir ou vous le procurer, à vous de jouer!