Il est des Temps où le muet est en état de grâce…Que notre beau pays viticole soit le berceau de la gueule de bois, je réponds Alka seltzer, qu’il devienne le temple de la langue de bois, et là je reste sans mots !
Certes, la menuiserie linguale est depuis longtemps une option technologique pratiquée chez les orateurs…
Bannis dans certaines castes sociales, les beaux parleurs trouvent position honorable et enviée chez les régisseurs du « royaume », l’art de la rhétorique y est alors exercé de façon Bouvardienne : parler beaucoup pour ne rien dire…L’expression populaire se fendra alors de l’expression « il a la grosse tête »( personnellement, j’ai toujours considéré Sim comme le contraire parfait de l’hydrocéphale !) ou, introduisant une autre variante physiologique, « il a les chevilles qui gonflent », locution que j’ai longtemps apparentée au monde de la petite reine, notamment à Michel Drucker, (qui me gonfle depuis longtemps) LA « cheville ouvrière » du PAF.
Vous l’aurez tous compris, le principe de la langue de bois est ensuite une affaire d’ébéniste, de marqueterie : muscle linguale sous forme de parquet Versailles chez Xavière Tibéri, d’essences rares guatémaltèques chez les Chirac, de pins sylvestres de Pologne chez Nicolas…Tout en sachant que la mode évoluant, ces attributs forestiers sont bien souvent détrônés par des matières dites « plus originales », à savoir la peau de serpent.
Force est donc de constater que plus on a rien à dire, plus il faut parler et que toute vérité n’est bonne qu’à être chuchotée, voire être proscrite du langage parlé…indépendamment de votre déclaration d’impôts ou d’un appel à témoin lancé par Evelyne thomas, personne ne vous a jamais demandé de parler, de commenter, de réfléchir, surtout pas dans les cages d’escaliers ou bien encore à la télé…même si vous êtes comique troupier ou tirailleur sénégalais ! Le fou du roi avait souvent la langue coupée quand elle était trop bien pendue et on le « voyait » venir de loin avec ses grelots.
On parle beaucoup aujourd’hui de « l’expression libre » ! Quand on parle marée noire, c’est qu’on a les pieds dans le gasoil, quand on parle monde animal, c’est pour évoquer la disparition des espèces, quand on parle chaleur, c’est pour évoquer une shoah gériatrique… L’expression est désormais un silence et pour l’avoir, il faut la réclamer (je vous demande une minute d’expression). Vous me direz : « Mais alors, le silence, c’est libre ! » Mais oui, taisez vous et profitez de votre liberté, il n’y a que les enchaînés qui s’expriment !