Discographie

Une nouvelle recette de potage

Broken Social Scene, c’est ce qui arrive quand vingt-et-un musiciens moyens se retrouvent sur la terrasse d’un loft luxueux pour siroter des cocktails sophistiqués dans une soirée calculée par un investisseur commun.

Naturellement, la soirée vire aux congratulations mutuelles, « c’est toi le meilleur, etc… » et cette réunion de complexes de supériorité torontois aboutit à un projet conjoint.

Trucmuche griffonne une horreur couleur rouille sur un bout de papier, ça sera la pochette de l’album. On se réunit en studio sans idée préalable sinon l’idée de préexcellence, machin-chose bidouille les consoles, le guitariste persuade tout le monde qu’il tient l’arpège du siècle, untel  ajoute une nappe de synthétiseur, tous les autres trouvent ça génial, le plus con du lot invente un titre compliqué, et la chanteuse fredonne des paroles gnan-gnan par là-dessus: « If you always get up late, you’re never gonna be on time, and that’s a shame cause I like you. » Profond. On tient une chanson. Plus qu’une dizaine d’autres et on aura un album.

On imagine l’autre moitié des participants essayant très fort de se donner une utilité. Qui hochant la tête en rythme, qui suggérant de ralentir le tempo, qui allant chercher des bières dans le frigo, qui repositionnant un micro pour obtenir tel effet, qui commandant une pizza, etc… On inversera les rôles au morceau suivant. Vingt-et-un musiciens pour composer un album, plus fort qu’un groupe de rap ! On s’appellera un « collectif », plutôt : ça fait branché, différent.

Mais c’est raté. Il n’y a rien là-dessus qui ressemble à un morceau. Le tout évoque davantage un mauvais potage de restaurant universitaire. 

Il ne reste plus qu’à packager. Emballage carton, subventions d’Ottawa magouillées par de bons amis, griffonnages arty, slogans profonds : « We hate your hate » (une manière de se protéger des méchants critiques qui n’aimeraient pas l’album ?) ou « The incinerator mastered our hearts » (quel monde cruel). L’album peut enfin sortir. On appellera ça un « projet », plutôt : ça fait plus intéressant.

Attirés par tant de prétention, les journalistes échafaudent une hype irrésistible. La chanteuse Feist participe au projet ! La presse ne s’est-elle pas moyennement enflammée pour cette chanteuse moyenne à la sortie de son album moyen en 2004 (« Let It Die ») ?

Le rappeur K-Os participe au projet ! La presse ne s’est-elle pas moyennement enflammée pour ce rappeur moyen à la sortie de son album moyen en 2004 ?

Les autres participants ne sont-ils pas tous des musiciens moyens qui se sont faits moyennement connaître par des « projets » moyens (comprendre un bout de bande-son par-ci,  un graffiti sur un hangar par-là) ?

Le potage se retrouve donc complimenté à droite et à gauche. Plein de gens se font berner.

Au moins, quand on achète une brique de Royco minute soup’, on sait à quoi s’attendre.

Un truc artificiel, épais, sans aucun goût – mais on peut verser du sel et mettre des croûtons de pains dedans.

Gilles Social 

3 Commentaires pour “Une nouvelle recette de potage”

  1. Joe Le Trembleur dit :

    bien d’accord avec vous!

  2. jguhk cjvwgd dit :

    pwmcniyvl mzdvxhr jiew vxiqfh jbnqkt qvazputfr ubvq

  3. Joe Le Trembleur dit :

    C’est un article de Joe L’Trembleur, non mais!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *