Les amateurs de films de bêtes se souviennent peut-être de « Dog Soldiers » de Neil Marshall, un film dans lequel une compagnie de rosbifs se chamaille avec une famille de loups-garous paraplégiques dans l’Ecosse profonde.
Le film était surtout marquant pour ce truc empaillé qu’un assistant brandissait régulièrement devant la caméra : le loup-garou ! Plus raide qu’une planche de bois, la bête remuait péniblement ses pattes avant pour occire les bidasses flippés dans des grognements de laryngite carabinée. C’était toujours la même bestiole empaillée – la production n’avait sans doute pas les moyens d’en créer une autre. Par conséquent, on ne voyait jamais qu’un seul loup-garou à la fois. Pour compenser le manque de bêtes à l’écran, la fin du film tournait carrément au vaudeville écossais. Un loup-garou dans le placard, un autre sous le lit ! Malgré (ou grâce à ?) son loup-garou ankylosé et ses militaires sur joués, « Dog Soldiers » est devenu un film culte en Angleterre.
Fort de ce succès inespéré, Neil Marshall réapparaît en 2006 avec « La Descente ».
Six femmes éprises de sensations fortes se donnent rendez-vous dans les Appalaches pour faire un brin de spéléologie sur fond de méchant traumatisme. Car l’héroïne, Sarah, a perdu sa fille dans un accident de voiture l’année précédente. De plus, elle ignore que son mari entretenait une relation avec une de ses meilleures amies : Juno, la battante énervante.
Le build-up est un peu long, l’étude de caractères assez pénible, mais une fois les six amies au bord du gouffre, le film s’avère plus éprouvant pour les nerfs que n’importe quel petit cousin pourri gâté. Forcément, les spéléologues amatrices se retrouvent dans un réseau de caves qui n’est pas le bon et qui n’a jamais été exploré. Inévitablement, un affaissement inattendu rend le passage de retour impraticable. Fatalement, les piles des lampes-torches faiblissent et le sac de cordes reste coincé dans l’éboulis. Nécessairement, ces caves sont infestées de gnomes anthropophages. Obligatoirement, une des filles tombe dans un puits et se casse une jambe. Timidement, on va se refaire un café dans la cuisine.
De la même manière que Ridley Scott jouait avec ombres et reflets pour faire chuter le trouillomètre du spectateur dans le premier « Alien », Marshall prend un malin plaisir à filmer les jeux de lumière et d’obscurité dans les galeries étroites et humides. Malgré le manque d’intérêt qu’on éprouve à l’endroit des donzelles égarées, la pétoche opère à plein effet. On voudrait qu’elles crèvent toutes en accéléré pour que nous soit épargné ce foutu stress spéléologique. Les gnomes ne sont ni très pugnaces ni très futés, ils sont aussi privés de la vue, leur odorat laisse à désirer, ils ont été entièrement pompés sur le Gollum du « Seigneur des Anneaux », mais par rapport au modèle de loup-garou du film précédent, ils ont l’air assez vivaces. Fidèles aux conventions du genre, les personnages du film ne pensent qu’à sauver leur propre fessier, quitte à abandonner les autres fessiers, voire à les dégommer.
La fin du film, hélas, est bâclée. « Voilà, j’ai fait ce que j’ai pu, semble nous dire Neil Marshall, faut que mon film tienne sous les deux heures, démerdez-vous avec ça ». Mais on a beau chercher quoi faire de ce dernier quart d’heure, il nous reste flanqué sur les bras. On finit par le glisser sous le tapis et on va au lit en se disant que la spéléologie, décidément, c’est un drôle de passe-temps.
Joe L’Trembleur
« D’accord, j’dis pas qu’à la fin de sa vie, Joe L’Trembleur il avait pas un peu baissé. Mais pendant les années terribles, sous l’occup’, il butait à tout va ! Il a même décimé toute une division de Panzer ! »
– Maître Folasse.