Papillote et Politique

Prends la vie côté Coca-Cola !

 C’est le printemps et les terrasses regorgent de personnes assoiffées. Rien de mieux qu’une boisson fraiche sous forme de liquide noir et pétillant pour se désaltérer…Le drink préféré des jeunes, le symbole de la liberté coûte la vie de milliers de syndicalistes colombiens…Le « Coca » peut laisser, parfois,un goût amère…

L’envers du décor

Depuis 2003, les membres du syndicat colombien « Sinaltrainal », syndicat national des travailleurs dans l’industrie d’aliments, ont fait appel à différents syndicats à travers le monde pour lancer la campagne internationale : Coca-Cola assassine ! En France, elle est relayée par la CNT (Confédération Nationale de Travailleurs). Dans ce cadre, ces membres ont organisé une réunion publique à Rennes (Bretagne, un pays de Le La France !), maison du Champ de Mars, en présence d’un syndicaliste colombien. Carlos est venu témoigner sur le déroulement de cette campagne jusqu’au jour d’aujourd’hui ainsi que sur les conditions actuelles des syndicalistes dans le pays.

 Son témoignage a été introduit par la projection d’un documentaire réalisé par des syndicalistes colombiens en 2003. Dans celui-ci, différents dirigeants syndicaux et ouvriers témoignent des conditions dans lesquelles ils travaillent (des journées de travail qui peuvent aller jusqu’à 16h, des salaires en dessus du smic) et des différents moyens utilisés par la multinationale pour les obligés à démissionner. L’enfermement en est une, parmi d’autres, pour les contraindre à démissionner.  

Même si la campagne a été lancée il y a quatre ans, les conditions ne se sont pas améliorées. D’après le témoignage de Carlos, en mars derniers, la pratique de l’enfermement a été de nouveau pratiquée pour obliger 17 syndicalistes à signer leur lettre de démission du fait de ses engagements syndicaux. Aucun des deux côtés n’a cédé. Les syndicalistes ont été contrains de camper face à l’usine pour entamer une grève de la faim afin d’obliger la multinationale à revenir sur sa décision. Dans le pays des droits de l’homme, ce serait inconcevable. Il est légalement interdit de licencier un salarié à cause de ses idées et son engagement dans un organe syndical. Mais, dans le pays du sacré cœur, ce n’est pas l’Etat qui fait la loi, mais des mouvements armés, qui ne bénéficient d’aucune légitimité, comme le sont les paramilitaires. Récemment, les syndiqués ont reçu des menaces d’attentat contre leurs locaux ainsi qu’une lettre signée par un groupe paramilitaire dans laquelle ils sont déclarés comme cible militaire.

 L’histoire noire du liquide noir 

Depuis décembre 2006, la Colombie traverse une nouvelle crise politique. Dans un premier temps, des liens entre les paramilitaires (groupe d’extrême droite) et les politiciens ont été dénoncés. Les médias lui ont attribué le terme de « para-politique ». Même le président de la république, Alvaro Uribe Velez, semble être mouillé dans cette affaire. L’opposition l’accuse d’avoir des liens avec les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC).

Mais il n’est pas le seul. Au jour d’aujourd’hui, on parle aussi de para-ONG (Organisation non gouvernementale) et des liens qui peuvent exister entre les industries et les « paras »… Le témoignage de Carlos laisse penser que la multinationale a de très bons rapports avec ce groupe armé et qu’elle s’en sert pour mettre la pression sur les travailleurs qui expriment leur mécontentement un peu trop fort.

 Par ailleurs, les supposés liens entre le président et les AUC mettent en péril la mise en place du Traité de Libre Echange (Tratado de Libre Commercio en espagnol, TLC) avec les Etats-Unis.

Le président colombien s’est rendu le mercredi 2 et jeudi 3 mai dans le pays de l’oncle Sam afin de consolider le soutien de G. Bush. Cependant, le parti Démocrate fait barrage. Ils exigent du président de clarifier les cas de « para-politique » et de violation des droits de l’homme dans lesquels sont liés les personnalités publiques.

 

Une impunité de longue date

Le Guatemala a vécu une situation similaire à celle de la Colombie dans les années 80. Les membres du syndicat STECSA ont subit des démissions forcées, des assassinats, des disparitions…qui pour l’instant n’ont pas été punis.

Les membres du syndicat Sinaltrainal ont porté plainte contre la multinationale devant la cour de justice de l’Etat de la Floride (Etats-Unis) en 2001. Le syndicat l’accusa de violation des droits de l’homme, tortures, enlèvements et assassinats.

Depuis 2003, trois audiences publiques ont eu lieu à Atlanta (EEUU), Bruxelles (Belgique) et Bogota (Colombie). La multinationale n’a pas été présente.

Carlos souligne qu’au-delà du nombre de morts, l’impact de Coca Cola est aussi écologique. Contamination des eaux, pillage et appropriation des ressources…sont quelques unes des accusations.

 L’appel au boycott

Le public présent a questionné le syndicaliste sur les répercussions de la campagne en Colombie. Carlos avoue qu’ils n’ont pas réussit à toucher l’ensemble de la population. Mais, ils ont « au moins parvenu à ce que d’autres multinationales présentes dans le pays (Nestlé par exemple) ne suivent pas les mêmes pratiques ».

Ce n’est pas pour autant que Carlos ne continue pas à témoigner à l’extérieur du pays. Même si c’est la première fois qu’il visite Rennes, il a déjà été présent en Espagne et dans d’autres villes de France.

 De plus, plusieurs syndicats et individus se sont unis à la campagne lancée par Sinaltrainal. Celle-ci ne se limite pas à l’information, elle appelle aussi au boycott…dans certaines universités des Etats-Unis, du Canada, de Grande Bretagne… le liquide n’est plus vendu.  Pour avoir plus de renseignements sur la vidéo Campagne Internationale contre Coca Cola, prendre contacter avec la CNT de Rennes, 5 square Charles Dullin 35000. Rennes 

www.sinaltrainal.org

   

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