On ne rentre pas dans un album de Paul Revere and the Raiders comme dans un colleur d’affiches de l’UMP…
…on y va avec des pincettes, on déshabille délicatement la galette de cire de sa pochette papier intérieure avant de le poser avec minutie sur son pick up de luxe… Il faut le temps de faire les choses, d’apprécier ces moments de bonheur fugaces mais intenses, ces septicémies foudroyantes de Joie, ces petits riens qui déclenchent des bouffées euphorisantes, sans adjonction de colle à rustine ou d’éther ménager… Quelques craquements usuels et la révolution commence, le rond central se fait psychédélique, lançant des messages hypnotiques ou vomitifs, c’est selon… l’orgue pérore tandis que la rythmique s’installe, martèlements implacables et impeccables, les guitares fuzzent, vrombissent avec une reverb’ type « Basilique st Pierre »… Vacherie ! The spirit of 67’, chez moi, dans mon salon… De quoi renvoyer Orwell et sa machine au pays des Seiko à Quartz… Je me glisse dans les sillons, surfant sur les époques, me jouant des décalages temporels comme d’autres jouent avec leurs nerfs… Un coup d’œil sur la pochette et… Bling ! Parachuté au pays des jabots et de la redingote cintrée, je m’accroche comme un dément à un solo de Farfisa pour ne pas sombrer plus dans un maelström spatio-temporel … ouf ! Juste à temps ! Georges Washington me faisait de l’œil avant de prendre l’apparence d’un Sergent Pepper chamarré sous peyotl… Voguant à bord de mon orgue en plastique, je fais front à l’ébaudissement musical et je tiens la dragée haute aux accords mineurs… Je bois sans soif, m’abreuvant de ces mélodies riches et contrastées, de ces cœurs en tierce et contrepoints, de ces liturgies païennes et acidulées façon guimauve… J’aime tellement ça !
Beatnick Sticks
Faussement biographé comme étant une sorte de Boys Band ou en tout cas un « groupe monté de toutes pièces » par Columbia, P.R.A.T.R. se nommait officiellement « the Downbeats » en 1958… 1958, année où Paul Revere rencontre Mark Lindsay, vendeur d’hamburger (ou accessoirement pompiste) et chanteur auprès de ces dames. Le duo est constitué et restera le binôme fondateur du groupe (afin de contenter l’ego de Mark Lindsay, le groupe se déclinera sous la forme Paul Revere and the Raiders featuring Mark Lindsay). Après avoir enregistré une démo pour Gardena Records, ils se voient contraints de changer de nom afin d’être signés et d’enregistrer leur premier single, « Beatnick sticks », suivi de « Paul Revere’s ride (1)» puis « like long hair », avec la participation de Kim Fowley… Premier succès véritable qui dépasse la notoriété du quartier, ce disque capillaire les fait entrer dans le Top 40… Nous sommes en 1961, John Wayne cartonne dans « comancheros », John Fitzgerald Kennedy se conduit comme un cochon dans la baie du même nom, les U.S intensifient leur présence au Vietnam et De Gaulle s’enlise dans le « problème » algérien…
Lors d’un concert, les PRATR et les Kingsmen voient des jeunes gens « bien-propres-sur-eux » rentrer en état de transe zombiesque en écoutant « Louie louie » de Richard Berry, réenregistré par Rockin’ Roberts… Les deux groupes mesurent la notoriété quasi délirante du morceau quant à la quantité de bave laissée sur le juke box et l’enregistrent à quelques jours d’intervalle… Gros succès pour les Kingsmen et sésame pour les Paul Revere qui signent avec Columbia ! Et ça vaut bien un point d’exclamation, ça, puisque c’est le premier groupe de rock à rentrer chez Columbia… vous en voulez d’autres… !!!!… Allez, stop, ça suffit comme ça…
1965. Enregistrement et sortie de « Steppin’ out », le rock des PRATR se teinte de l’influence « british » et prend une coloration « garage » sous l’influence de Terry Melcher, manager déchu des Byrds… puis c’est la sortie de « just like me », gros tube rock avec des paroles super… « engagée » à la façon des Fabulous Four du début:
it's just like me
to say to you
love me do and I'll be true
and what I'd like for you to say
is you'll come home to me each day
hiku be my girl
that's what I want
just you sweet thing
and not a thing
it's just like me
to feel so good
and fall so much in love with you
Where the action is!
Avec leur notoriété grandissante et un tout nouveau groupe recomposé avec de talentueux membres, les PRATR se tapent l’incruste à la téloche, notamment chez Dick Clarke et son émission « where the action is »… Se parant de costumes des révolutionnaires américains du 18e, ils font un pied de nez historique au nom de leur leader : Paul Revere, de son vrai nom Paul Rivoire, huguenot de naissance et patriote américain convaincu, défraya la chronique durant la guerre d’indépendance au 18e… il fût l’un des trois messagers qui prévint l’envahisseur anglais afin d’alerter les troupes américaines de l’arrivée des « homards rouges »
(Paul Revere’s ride) (1)
Listen my children and you shall hear
Of the midnight ride of Paul Revere,
On the eighteenth of April, in Seventy-five;
Hardly a man is now alive
Who remembers that famous day and year.
He said to his friend,
"If the British march By land or sea from the town to-night,
Hang a lantern aloft in the belfry arch
Of the North Church tower as a signal light,
One if by land, and two if by sea;
And I on the opposite shore will be,
Ready to ride and spread the alarm
Through every Middlesex village and farm,
For the country folk to be up and to arm." (…)
(Henry Wadsworth Longfellow)
A cette époque, The Raiders se veut “la” réponse américaine à la déferlante british, même si leurs pantomimes cathodiques déçoivent les puristes du rock … Leurs looks de baron et leurs pas de danses « à-la-con » détonnent avec une musique abrasive et amplifiée par des Vox gigantesques…En 1965, on ne badine plus avec l’attitude et les groupes Rock fleurissent un peu partout : les excellents Count Five sortent le phénoménal « psychotic reaction », Sean Boniwell jette ses Music Machine sur le devant de la scène, les Standells enregistrent « dirty water » et Question Mark and the Mysterians apportent au Vox Continental ses lettres de noblesse…
Tout Bi Continuède…
whouaw bien l’article sur PR&TR à quand les Electric Prunes et le West Coast Pop Art Exp. Band ?
peace!
Stéphane