L'a beau écrire dans le Rennet, le péquin se retrouve ponctuellement ANPEiste, obligé d'abjurer Stirner pour toucher quelque indemnité docile… Frustré dans sa chair crapuleuse de cautionner tables rondes, livrets cartonnés et recommandations hors sujet de conseillères illettrées, le péquin s'en revient chez lui avec le goût du sang, voire chez Papa Maman quand il en a vraiment chié… Calfeutrés derrière leur PVC, les voisins le voient dépoussiérer l'AZERTY avec dans le regard quelque chose du vampire qu'on a forcé à lécher les tongs de Benoît XVI à grandes poussées de crucifix dans le derche.
Évidemment, ça vous arrive à vous aussi, n'est-ce pas. Car les CDI, c'est une abstraction goguenarde. Les CDI, c'est le rouleau de PQ du Père Noël. Vous confirmez? De toute façon, je vous ai vu aux ASSEDIC. Vous aviez l'air imputrescible avec votre chemise pleine des photocopies requises. Tous les futurs loufiats diplômés de psycho, tous les traîne-baskets hagards, toutes les ex-monitrices d'auto-école s'absorbaient dans votre interprétation de l'optimisme conquérant. Le spectacle était Sarkozyste en diable (ou l'inverse?). Le menton volontaire, la foulée diligente, je vous ai suspecté avoir rendez-vous avec Laurent Boyer pour un Fréquenstar spécial rags-to-riches. Vous aviez les papiers. Après maintes contorsions, vous teniez dans les petites cases de votre conseiller. Il vous fallut tout de même deux heures pour vous sortir votre orgueil du bide et le déplier, mais voilà, vous aviez droit aux ASSEDIC. Vous les toucheriez…dans un mois et demi. Dans l'intervalle, il s'agirait de sauver les apparences en faisant semblant d'entreprendre des démarches absconses dont vous n'iriez pas embêter les gens en leur détaillant les tenants et les aboutissants. Enfin, quoi, vous espériez quand même un peu.
Je vous revis une semaine plus tard à Roissy, au comptoir d'une compagnie « low cost » hasardeuse. Vous aviez décidé de claquer votre prime de fin de contrat en une semaine de vacances méritée. On sentait que vous aviez essuyé plusieurs non possumus à votre insistance à glisser des bagages dans les guibolles du personnel de l'aéroport (d'ailleurs j'agréai. Je faisais la même chose avec mon prof de maths au lycée. Hop, un cartable dans les pattes). Quand on a vu une dizaine de ses candidatures rejetées dans les formes les plus gracieusement péremptoires, ça ne rate pas: on finit par trouver grossièrement louches les gens qui travaillent. C'était un début de recherche pusillanime, mais vous y aviez cru quand même.
Dix jours plus tard, nous nous croisâmes à l'ANPE. La parenthèse des bitures interculturelles refermée, je vous trouvai la même gueule maussade que celle que me renvoyait mon miroir le matin. Sans nul doute, vous aviez flambé comme un émir débutant découvrant Monte-Carlo: on dépense deux à trois fois plus d'argent quand on est au chômage. L'heure était arrivée du sevrage Torquemadiste. Plus de cinoche, plus de bouquins, plus de disques, plus de fringues. Pâtes et eau du robinet. Vous essayiez de vous figurer un but. Une vocation. Mais tous les boulots craignent. Certains sont même de véritables maladies. Par impatience, vous étiez carrément entré à l'usine, à une époque. Je vous connaissais déjà de vue. On prenait le même bus. Vous aviez perdu cinq kilos en deux mois. Vous étiez maigrichon, raplapla, à bout de nerfs. Vos futals pré sidérurgiques étaient devenus trop vastes. Vos joues avaient dégonflé lugubrement. Qu'est-ce qui pouvait bien justifier cette entreprise de déchéance accélérée? Une mise à jour de pénitence? Un programme d'endurcissement masochiste? Un désir de reconnaissance par l'apitoiement?
Certainement vous le demandiez-vous tandis qu'assis dans la salle d'attente vous regardiez une vidéo dans laquelle se succédaient des gens extatiques de faire leur travail: une blonde en agence de voyage, un jeunot conducteur de RER, une beurette chauffeuse de bus. Quel travail pour vous? Le choix est restreint, vous avez un parcours professionnel trop tordu pour la France. Au pays du code ROM, la polyvalence et l'absence de formation spécialisée sont des péchés. Invariablement, il vous faudra accepter un autre boulot de merde. Ou alors reprendre vos études. Avec quel argent? Dans quel domaine? Aurez-vous la patience nécessaire pour écouter ratiociner les vieux birbes à nouveau? A moins de déterrer un mammouth prochainement, vous l'avez dans l'os.
A la fin de votre entretien, vous étiez foutrement déconfit. Ces gens de l'ANPE s'y entendent pour vous démotiver. Sauf parcours de plombier standard, vous ne correspondez à rien pour eux.
Votre conseillère vous a énuméré les choses auxquelles vous aviez droit « pour l'instant » (sic). Elle a eu le culot de vous dire que le métier de conseiller ANPE était une grande responsabilité parce que « c'est l'argent de l'Etat qu'on verse, quand même ». C'était très révélateur des priorités de ces gens-là, des directives qu'ils reçoivent. Radiez des ASSEDIC les brebis rétives. Redirigez coûte que coûte les gens vers les filières en recherche de main d'oeuvre de manière à dégonfler les chiffres du chômage. On s'en fout si ça leur va. On s'en fout si ce sont des SMIC de 3 mois. Pendant ce temps au moins l'Etat ne leur doit rien.
La dernière fois que je vous ai vu, c'était à la bibliothèque universitaire. Vous acheviez de remplir les papiers pour vous inscrire à une formation de laveur de carreaux. Le désarroi l'avait emporté. La France qui se lève tard ne vous dit pas merci. Le péquin de Le Rennet, lui, s'en est retourné habiter chez ses parents. Il n'y tiendra pas longtemps, entre les admonitions « pour [son] bien », les préceptes foireux et les suggestions d'uniforme au moment du fromage.
Boris Bistouri
Amicale Lycanthropique de Cornouaille
Merci! pour ce texte, un portrait souvent poignant, juste et direct.
Très jolie plume, Mamie… N’hésitez pas à nous contacter si vous voulez grossir les rangs de notre équipe.
Rennet.org
Travailleurs ou non nous sommes consommateurs. Nous sommes les travailleurs de nos consommations…. a consommation de merde….travail de merde et moi je veux mettre de la merde ni dans vos vies ni dans la mienne, ni dans la leur. Je refuse du travail pour cela… Parfois mon éthique est interprétée comme de la paresse honteusement déguisée, on me dit que je refuse le système mais que j’en profite quand même …
Une partie de la révolution est dans le cadi, non? Achetons de vraies choses à un vrai prix et on nous proposera de vrais travails pour mener de vraies vies. C’est la demande qui fait l’offre… et si vous pensez que nous n’en valons pas la peine, c’est que vous n’en valez pas la peine…Alors, je ne me mettrais pas en peine pour la majorité destructrice mais plutôt pour la minorité optimiste quitte à , il est vrais , « user » du système à un millième de pourcentage en comparaison de ce que vos « seigneurs » profite de vous :honnêtes travailleurs et contribuables… réfléchissez : » qui sont vos piques assiette : les chômeurs, les immigrés, les hommes et les femmes en quêtes de liberté..? Nous ne jouissons que de quelques miettes , vous du trognons et les seigneurs : de la miche entière. Jolie pyramide, très large en bas, très fine en haut, mensuration idéale pour ceux qui vous mettent au régime. Il me reviens à cette instant le souvenir d’un manuelle d’histoire, chapitre : moyen âge : noblesse, cerf, gabelle, privilège, misère, pain…et aussi un mots de Coluche « écrivez nous ce dont vous avez besion, on vous expliquera comment vous en passez » un truc comme ça…
A chacun sa pierre à l’ouvrage. PAS FACILE d’être un éthique acheteur, mais un choix par ci, un choix par là et on contribue déjà à remettre petit à petit l’humain au centre de la vie. Comment avons nous peu perdre cela de vu : c’est belle et bien l’humain qui est important Faut il vivre une tragédie collective pour rester constant dans cette pensée, pour prendre soin de notre philosophie, putain, c’est pas qu’une matière fleurée au lycée. Nous sommes tous liés! Ecarter les pouilleux, les poux vous investiront quand même… s’il faut en arrivé à mettre en avant ce type d’ évidence égocentrique, c’est que notre soucis des autres et de nous même en à pris un sérieux coup, au profit de l’individualisme exacerbé propice à la monté du despotisme, et à l’abrutissement des masse… Le pouilleux c’est toi, c’est moi, c’est ton amoureux, c’est ta mère, c’est ton grand père, c’est ton enfant, c’est l’enfant d’un autre au bout de la rue, au bout du monde… bref, c’est ton enfant, c’est toi.
Enfin, Bientôt Noël!!! au passage c’est quoi c’est pubs de merde qui envahissent le centre de Rennes et qui ce présentent comme un exposition…Ha oui.. c’est une exposition de merde : très réussie pour le coup!
…Plus sérieusement, profitons de noël pour faire des cadeaux peut être moins pimpants mais autrement plus cher à nos cœurs, au cœur de ceux qui les ont « fabriqué », au cœur de ceux qui vont les recevoir… Achetons aux artistes, achetons aux artisans, achetons aux amoureux des choses bien faites…donnons nous les moyens de les distinguer des usurpateurs… informons nous… élevons notre observation et préservons notre sens critique. Faisons des que possible de nos actes des actes responsables… réellement humains.
Mamie
de mon dernier entretient a l’anpe petit smicar que je suis je me demande si c « conseilieres » en orientation professionnel ne serait la que pour nous pousser a trouver des emplois ne correspondant pas a nos envies mais + a ce qu’elles ou ils ont ds leur ordi .