Réjouissez-vous mesdames et messieurs car voici LE disque qui vous brouillera définitivement avec vos voisins du troisième!
Incapables d’apprécier la Vraie Musique, ils méritent de toutes façons que vous leur pourrissiez les oreilles avec ce jubilatoire 45 tours, jusqu’à ce que leurs nerfs craquent et qu’ils décident de déménager très loin, dans une yourte préfabriquée au coeur du désert de Gobi par exemple, où ils pourront repeindre leur yack favori en toute tranquilité et en vert…
Car il faut bien avouer que le principal morceau de ce disque n’a pas été conçu pour favoriser une carrière de diplomate. Il est plutôt du genre brutal, à ranger dans la catégorie « Musique fracassante pour épileptiques épanouis ».
Tiré de la bande originale du film Jeu de Massacre (dont vous apprécierez au passage la superbe pochette signée Guy Pellaert), Killing Game est interprété par le groupe britannique Alan Bown Set. Au programme : des cuivres, des guitares, des onomatopées, des sifflements et des bruits d’explosion que le chanteur produit tout seul avec sa bouche qui doit ressembler au cratère de l’Etna en pleine éruption.
Le morceau commmence d’ailleurs comme une catastrophe naturelle; ça dérape dans tous les sens, ça grince de partout, ça souffle dans n’importe quoi, des mollaires s’entrechoquent, un soudard martèle le piano avec plusieurs paires de Patogas et le fameux chanteur, mûr pour la camisole de force, se met à hurler des choses indistinctes mais franchement pathologiques…
Puis il se calme un peu pour fredonner : « I love you, I want you, I need you » (on comprend enfin qu’il s’agit d’une chanson d’amour et on imagine tout de suite que la douce personne qui l’a mis dans un état pareil doit avoir de sacrées poitrines). Mais le calme n’est que de courte durée, à peine avalées ses pilules sensées soigner sa lycanthropie, il les recrache pour se remettre à faire ses drôles de bruits buccaux qui s’apparentent nettement aux cris du goret qu’on égorge. En plus strident. Et pendant plus de quatre minutes on subit avec fascination ce déluge de gargouillis Freakbeat qui fera de chacun de ses heureux possesseurs un être béat et sans voisin.
La face B, où figurent trois morceaux signés Jacques Loussier, évoque les pires heures du Jazz-suppositoire à la Albert Ayler et n’offre par conséquent aucun intérêt.