Mon onc' des Amériques

Toé, mon maudit français !

Si vous connaissez cette expression, c'est que vous avez déjà fait un tour dans la Belle Province. 

Peut-être pas récemment, mais plus probablement il y a plus de 10-15 ans. Aujourd'hui "maudit français" est devenu un terme presqu'affectueux. Quoique… il resurgit régulièrement d'un Québécois agacé par un accent si pointu, une culture si universelle, une nation si civilisatrice, un pays plus beau que tous les autres…bref, d'un Québécois irrité par un défaut typiquement Français.

Terme d'amour-haine, "maudit français !" a connu son apogée à une époque où les Français étaient à la fois le modèle imposé pour tout ce qui relevait de la langue et de la culture. Radio, télévision, théâtre, chanson devaient s'exprimer en "français de France". Heureusement , il y avait des coopérants ou d'éminents enseignants qui venaient régulièrement nous apprendre cette langue. (D'ailleurs d'où venaient-ils ces français qui se disaient "sans accent" ? Ni de Marseille, ni de Bordeaux, ni du pays Gallo, ni du Nord en tous cas). C'est qu'au fond, les Québécois admiraient sincèrement les Français, étaient réellement reconnaissants à la France d'être grande et forte (mais si lointaine…), affirmant par là que sa langue était bien réelle , vivante et capable de résister à l'anglais. D'ailleurs, c'est grâce aux Français si nous existions, un vrai miracle en continent anglophone. De là un violent amour pour ce pays auquel nous étions encore reliés par un cordon ombilical, transporteur de sang et de culture.

 

Mais trop c'est trop ! Nous n'étions pas tous des bûcherons. La neige n'était pas notre seule saison. Même si notre histoire collective était récente, nous n'étions pas un pays "sans histoire". Notre parler n'était ni pittoresque, ni tout à fait celui de Robert Charlebois. De là, un violent sentiment de haine. Non, le mot est trop fort. Il s'agit plutôt d'une grande colère à l'égard d'une France qui nous a longtemps ignorés (après nous avoir laissé tomber dans les bras des Anglais…), puis dédaignés, voire méprisés. Quand elle s'est enfin intéressée au Québec, à partir des années 70-80, ce pays avait bien entamé sa "révolution tranquille" et commençait à se trouver lui-même bien sympathique et intéressant – peut-être même supérieur aux Français, encroutés dans leurs centaines d'années d'histoire. Ce sont donc les touristes français de cette époque et des quelques années précédentes qui ont fait les frais des sentiments si contradictoires des "canadiens français" d'abord, puis des Québécois.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *